Mon Panier en Paille

Panier

La bonne vanne – Mon panier en paille

Vendredi 20 mars, premier jour du printemps. J’aurais juré que c’était demain. Douche rapide, pas de shampoing. Je profite du confinement pour espacer les lavages, voir ce que cela donne. Pour l’instant, c’est raide et gras. On verra dans un mois. Plus 2 kilos sur la balance. Je ne respecte absolument pas les règles de distance avec mon frigo, mon héros, qui m’apaise et m’occupe. Donc ce matin, pour la cent millième fois de ma vie, mais la première de celle en confinement, je décide d’en finir avec les pâtisseries et le chocolat. Je vais limiter les sucres, glucides, lipides et passer aux légumes. Parce que cet été si vacances il y a, je ne veux pas devoir rester confinée pour cause de Corona Corpus (gros bide et fesses molles).

La lumière d’un soleil printanier sur le balcon d’en face aux fenêtres ouvertes, un arbre en fleurs et Vichy vide. Mon passe imprimé dans mon panier, ce bonheur de me sentir solidaire et se sentiment léger lié à mon panier.

Oui, mon panier en paille.

Pas seulement pour faire barrage au fléau du plastique, mais parce que je ne peux pas me séparer de mon panier, été comme hiver.

Voilà, j’ai rapport très ambigu au panier. Je l’aime, mais il m’agace. Il me rappelle que les beaux jours sont là et que les vacances arrivent. Mais en même temps ce ne sont jamais les miennes, mais celles de la fille au panier.

Pour moi, le panier appartient à cette femme qui porte des robes mi-longues, boutonnées sur le devant, laissant apercevoir de longues jambes fuselées. Et des bijoux en or, même à la plage, quand moi je ne porte rien, car je n’ai pas de bijoux en or et que le toc ça colle et ça déteint. Une Jeanne Damas dans sa petite trentaine, une sorte d’égérie Barilla qui pourrait aussi bien passer ses vacances à Portofino qu’à l’île de Ré, à St Rémy ou près de Poquerolles. En gros pas à Vichy ni à la montagne. Quoique Birkin le portait partout, même avec une fourrure.

La fille au panier est partout, sauf ici.

Elle n’a pas vraiment de destination, elle s’en fou, elle est tranquille et trimballe plein de pochettes dans son panier, dont un écran total indice 50, qui ne l’empêche pas du tout de bronzer. Alors que moi, quand j’en mets de l’écran total, il ne se passe rien.

Je connais cette fille depuis que je suis petite. La première fois que je l’ai rencontrée, c’était en primaire. La mère d’une copine qui portait uniquement des jeans clairs, même en hiver. Du blanc cassé au beige. Une sorte d’Inès de la Fressange, fin des années 70. Elle avait des paniers pour décorer le porte manteau dans l’entrée et plein accrochés dans sa salle de bain. Comme une petite boutique de souvenirs de ses vacances. On y trouvait aussi des coquillages et des petits flacons remplis de sable qu’ils avaient dû ramasser en famille en fin de journée sur la page. Ça me foutait un de ces cafards.

La fille au panier est toujours légèrement bronzée en arrivant en vacances.

Et elle le sera même après 6 semaines de confinement. Quand on lui dira elle s’étonnera « Ah bon? Pourtant je ne suis pas sortie, mais c’est vrai que j’ai un peu pris l’air sur mon balcon la semaine dernière.» Nous quand on reste longtemps au balcon on attrape des marques et on sue. Elle, elle bronze uniformément et intégralement. Parfois elle avouera peut-être qu’elle a passé le confinement en Normandie et qu’il a fait un temps de rêve. Il faudrait un jour que j’ y aille avec elle en Normandie, parce que moi à chaque fois que j’y vais il fait un temps pourri.

Les filles au panier, il y en a plein.

Elles sont toutes différentes, mais elles ont ce truc en commun de n’avoir l’air de souffrir de rien. On n’a jamais vu une femme au panier en chier. D’ailleurs je tiens à préciser que toutes les filles au panier ne sont pas LA fille au panier. D’ailleurs moi quand on me voit je n’ai rien de la fille au panier. Et lui même n’en est plus tout à fait un . J’y met trop de choses ou pas assez. Je le maltraite et le porte souvent avec un jean et des baskets, ce qui lui retire tout ce qui est supposé être chic et nonchalant. Avec le poids des légumes et des fruits du marché, la corde s’enfonce dans la peau, marque et fait hyper mal. Sur un manteau ça feutre et ça bouloche. Et puis surtout je n’ai pas l’air hyper détendue. Décidément, ça ne sera pas pour cette année non plus … J’essaierai avec le paréo.

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